Captivez votre audience façon TEDx : un guide en 6 étapes

Storytelling structuré et message fort sont les ingrédients secrets des TEDx, ces célèbres conférences américaines. Comment les adapter à vos prises de parole ? En suivant le guide d’Estelle, notre coach ! 

 

Avez-vous déjà regardé un TEDx ? C’est un discours percutant, court et inspirant, qui dure entre 5 et 18 minutes. Le but de ce format ? Obliger les orateurs à aller à l’essentiel avec un message fort et marquant. Il repose donc sur un storytelling bien structuré, afin d’engager émotionnellement le public. Pour captiver vos interlocuteurs façon TEDx lors de vos prises de parole, voici un guide d’écriture en six étapes. Celles-ci ne suivent pas un ordre chronologique strict : une erreur courante serait, par exemple, de commencer par l’introduction avant d’avoir identifié votre idée clé. 

 

Pour cela, je propose de nous inspirer sur mon TEDx préféré, celui de Tim Urban. Tim est un écrivain et blogueur américain, connu pour son site Wait But Why, où il vulgarise des sujets complexes avec humour. Son TEDx sur la procrastination, Inside the Mind of a Master Procrastinator (Dans la tête d’un maître dans l’art de procrastiner, en français), est l’un des plus regardés au monde. Avant de commencer, prenez quinze minutes pour visualiser sa vidéo sur Ted.com. Et… c’est parti! 

 

 

Étape 1 : Définir votre idée clé 

 

L’idée clé est le fil conducteur qui relie tous vos arguments et exemples. Chez Tim Urban, elle se résume ainsi : la procrastination résulte d’un fonctionnement cérébral particulier où un « singe de la gratification instantanée » prend le contrôle, empêchant d’accomplir les tâches jusqu’à l’intervention d’un « monstre de la panique » à l’approche d’une échéance. Comprendre ce mécanisme permet d’y remédier.

À vous de jouer. Résumez en une phrase de 15 mots maximum l’idée clé que vous défendez (soyez le plus précis possible) : 

 

Étape 2 – Demandez-vous « Pourquoi mon idée clé est-elle essentielle pour moi ? » 

 

Expliquez l’importance de votre idée clé et donnez du contexte. Pourquoi votre sujet est-il essentiel aujourd’hui, ou pourquoi vous tient-il à cœur ? À ce stade, vos interlocuteurs doivent comprendre en quoi vous êtes légitime à défendre cette idée. 

 

Dans le cas de Tim Urban, il est lui-même un procrastinateur et a expérimenté cette lutte intérieure toute sa vie, notamment à travers l’écriture de ses dissertations à l’université et de son mémoire de fin d’études. Il est donc légitime puisqu’il en souffre personnellement. Il écrit sur la procrastination dans son blog Wait But Why, et constate, à travers des milliers de témoignages, que ce problème touche nombre de personnes dans tous les domaines de la vie.

 

Étape 3 – Affirmer vos 2-3 idées principales 

 

Demandez-vous maintenant quelles sont les deux ou trois idées principales qui constitueront le cœur de votre argumentaire. N’oubliez pas qu’elles doivent résonner avec votre idée clé. 

 

Voici les trois idées clés de Tim Urban : 

 

  1. Le cerveau du procrastinateur fonctionne spécifiquement : chez lui, le « singe de la gratification instantanée » détourne toute tentative de travail vers des activités plaisantes et immédiates.
  2. La procrastination fonctionne par cycles, sous l’influence d’un « monstre de la panique ». Tant qu’il n’y a pas d’échéance imminente, le singe garde le contrôle. Mais quand la panique s’installe, le singe s’enfuit et le procrastinateur se met soudainement à travailler avec frénésie.
  3. Il existe un type de procrastination encore plus insidieux, lorsque les tâches n’ont pas d’échéance (par exemple, lancer un projet personnel, prendre soin de soi, développer une relation). Dans ce cas, le monstre de la panique ne se réveille pas. La procrastination devient alors chronique et peut engendrer de profonds regrets.

 

Étape 4 – Illustrez vos idées par des exemples

Pour chaque idée, vous allez projeter votre auditeur dans des exemples concrets. Le format du TEDx n’a qu’une seule ambition : créer un moment de présence et d’émotion, permettant à chaque spectateur d’être immergé dans votre quotidien. La mission est remplie si vous arrivez à susciter des émotions (la chair de poule, le rire, les larmes qui montent). C’est VOTRE moment ! Pour vous assurer que le fil conducteur soit maintenu, vous devez raconter de bonnes histoires, qui incluent : 

  • Un cadre spatio-temporel (où ? quand ?) ;
  • Un personnage principal (qui ?) ;
  • Une action (quoi ?).

 

Le personnage doit susciter de l’empathie. Créez de la tension en éveillant la curiosité, et n’oubliez pas de donner des détails. S’il y en a trop peu, votre récit ne sera pas assez vivant, et le public s’y attachera plus difficilement. 

 

Dans une mise en abyme que j’adore, Tim Urban développe l’exemple de sa propre procrastination pour préparer son TEDx. Il dit avoir accepté la proposition six mois à l’avance, mais avoir passé son temps sur Google Earth au lieu de travailler. Il lui aura fallu attendre que son visage apparaisse sur le site officiel de TED pour que le « monstre de la panique » prenne enfin le contrôle et le force à préparer sa conférence.

 

Étape 5 – Captivez grâce à une introduction originale 

 

Le plus gros est fait. Bravo ! Maintenant que le cœur de votre argumentation est posé, écrivez votre introduction. Elle a pour but de captiver immédiatement, de réveiller les écoutes volatiles et de surprendre. 

Il existe de nombreuses options pour attaquer une prise de parole : l’humour, une image ou une vidéo, une anecdote, un chiffre choc, etc. 

 

Tim Urban, lui, choisit de plonger son audience dans sa propre expérience. Il commence son discours en racontant sa procrastination à l’université et projette à l’écran son planning de travail idéal de l’époque… puis la réalité de sa procrastination. Résultat : il se retrouve avec seulement 72 heures pour rédiger un mémoire de 90 pages. Il affirme d’abord, avec ironie, que c’était le meilleur travail jamais réalisé, avant d’admettre que c’était en réalité un désastre. Son introduction se distingue par l’autodérision et la force de l’anecdote.

 

Étape 6 – Marquez le coup en conclusion 

 

La conclusion est le bouquet final, la dernière impression que vous laisserez. 

 

  • Répétez l’idée clé que doit retenir l’audience et que vous avez définie précédemment.
  • Pourquoi ne pas passer un appel à l’action ? Vous pouvez vous adresser directement à votre auditoire pour mieux l’impliquer. Que lui proposez-vous concrètement ? 
  • Et, si le sujet s’y prête, ajoutez une dernière note d’humour. Le sourire suscité renforcera l’impact de la conclusion. 

 

Ainsi, Tim Urban :

  • Répète son idée clé : nous procrastinons tous sur quelque chose ;
  • Passe un appel à l’action : nous devons identifier ce sur quoi nous procrastinons et reconnaître ce « singe de la gratification instantanée » qui nous empêche d’avancer ;
  • Propose une image frappante, montrant un calendrier de la vie et insistant sur le fait que les cases déjà remplies ne reviendront jamais ;
  • Finit par une note humoristique : « Il est peut-être temps de commencer aujourd’hui… ou pas aujourd’hui, mais… bientôt. »

 

Ça y est ! Il suffit de remettre les briques dans l’ordre. Rappelez-vous : un bon TEDx, c’est avant tout une idée forte, racontée avec authenticité et émotion. Maintenant, il ne vous reste plus qu’à tester cette méthode devant quelques interlocuteurs… ou votre miroir. Et si vous procrastinez encore un peu avant de vous lancer, dites-vous que même Tim Urban a attendu la dernière minute pour écrire son propre TEDx. Il n’est donc jamais trop tard !