Se détacher de ses notes
Lorsque une prise de parole est complexe, en terrain miné ou dans un cadre protocolaire ; il est nécessaire de tout rédiger, de A à Z. Cependant, si le contexte le permet, l’idéal est de rédiger ses notes sous un format de bullet points, composé de mots clés (et non des phrases écrites).
Cela évite non seulement de s’abandonner à une lecture monotone, et cela facilite la connexion avec l’audience, les yeux dans les yeux.
Prenons le discours “I have a dream…” Martin Luther King.
Lui et son discours, ont changé le cours de l’Histoire. Toute sa vie, le pasteur King s’est battu pour que les noirs aient les mêmes droits que les blancs. Né le 15 janvier 1929 à Atlanta et mort à Memphis le 4 avril 1968 – assassiné par un suprémaciste blanc – il est une figure majeure de l’engagement contre le racisme et pour l’égalité.
Martin Luther King préparait longuement ses prises de parole, souvent jusque tard dans la nuit. La veille de son discours, pendant des heures, avec l’aide de ses fidèles amis, il écrit et réécrit des paragraphes entiers dans sa chambre d’hôtel.
Son chef de cabinet, Tee Walker lui dit de ne pas utiliser l’expression « I have a dream » :
« Elle est banale, c’est un cliché. Tu l’as déjà utilisée trop de fois. »
Mais, le jour J, à la douzième minute de son intervention, une chanteuse et amie de Martin Luther King lui crie
« Martin, raconte-leur l’histoire à propos de ce rêve. »
Sur les images télévisées, on observe distinctement le moment où il se détache de ses notes et où sa tête se relève en affirmant :
« Je vous le dis ici et maintenant, mes amis, bien que, oui, bien que nous ayons à faire face à des difficultés aujourd’hui et demain, je fais toujours ce rêve ».
À partir de ce moment, il regarde l’audience droit dans les yeux et se concentre non sur un effort de lecture mais sur le message qu’il souhaite faire passer.
C’est ce passage qui marquera l’histoire.
Le 4 avril 1968, Martin Luther King est assassiné sur le balcon du Lorraine Motel à Memphis, dans le Tennessee.
Imaginons maintenant une prise de parole complexe, face à un public hostile.
Doit-on, pour autant, se réfugier derrière notre feuille, entièrement rédigée ? S’assurer que chaque mot est bien choisi et que rien ne dérape ?
Se priver sans doute d’une émotion ?
Le président Kennedy apprend la mort de King en descendant de l’avion, alors qu’il se rend à un rassemblement dans un ghetto noir de l’Indiana. Le maire et le chef de la police lui conseillent d’annuler sa visite, mais Kennedy prend la décision d’annoncer lui-même la mort de King, dans un discours exceptionnel (et improvisé !) que vous pouvez retrouver sur Netflix dans le documentaire Bobby Kennedy à la présidence.
Ce discours démarre par le cri d’effroi de la foule.
Dix minutes plus tard, Kennedy est applaudi et des cris enthousiastes se font entendre.
« Ce dont nous avons besoin aux États-Unis, ce n’est pas de division. Ce dont nous avons besoin aux États-Unis, ce n’est pas de haine. Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas de violence ou d’anarchie, mais d’amour, de sagesse, de compassion les uns envers les autres et d’un sentiment de justice envers ceux qui souffrent encore dans notre pays. »
Voilà un cas de discours improvisé face à un public difficile, qui a su embarquer. Si Kennedy avait lu sa feuille ce soir-là, il n’aurait probablement pas déclenché les mêmes cris enthousiastes…
Et vous, comment rédigez-vous vos discours ? Bullet points ou pas bullet points ?
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