Communication de crise : le cas SEVESO

Étudions un échec de communication qui est un cas d’école : le fiasco sanitaire de Seveso.

L’échec SEVESO : une communication fiasco

De quoi parle t-on?

Aucun texte alternatif pour cette image

Je parle d’une catastrophe écologique et sanitaire qui s’est produite à Seveso, petite bourgade italienne de Lombardie.

Le 10 juillet 1976, à 12h37, un sifflement se fait entendre dans l’usine de produits chimiques Icmesa de Meda, petite ville italienne. L’augmentation brutale de la pression dans l’un des réacteurs vient de faire sauter une soupape de sécurité. Un nuage, très dense, se propage au dehors du bâtiment.  

Voici comment l’usine communique…

  • Au départ, aucune information n’est partagée. (Niet, nada, silence radio.)
  • À J+3 : “aucun danger”. Lors d’une réunion à la mairie de Seveso, l’usine affirme que les concentrations de produits enregistrées sont à des niveaux sans danger pour l’homme

On croise tout de même autour de l’usine des animaux morts. Je pense à cette dépouille de chat dont le «Time» rapportera qu’elle s’est désintégrée en l’espace de quelques heures.

Au quatrième jour, on remarque les premiers signes d’inflammation sur la peau des enfants.

  • J+12 : “tout est sous contrôle”

Quelques heures plus tard… 

  • J+ 12 : “la situation est très grave”.

Le scandale éclate dans les journaux. Le directeur technique et le directeur de production de l’usine sont arrêtés.

  • La communication s’achève par une très claire capitulation : “Si dans trois mois les mesures prises n’ont pas donné de résultats positifs, nous laisserons la Nature suivre son cours”

Quelques heures plus tard… 

  •  J+12 : ÉVACUATION EN URGENCE

C’est à ce moment-là que dans la très catholique Italie de l’époque, on procède à des avortements thérapeutiques (l’avortement est encore interdit). Ce qui attire les foudres du Vatican.

Le bilan est lourd : 358 hectares contaminés, 77 000 têtes de bétail abattues, des récoltes brûlées et des activités agricoles interrompues… Pendant l’été, environ 450 personnes souffrent de lésions apparentes, en majorité des enfants.

Le délai de communication est capital

Je retiens de cet épisode que le délai de communication est essentiel. Le silence ou l’omission envoient un signal négatif. On peut y voir une volonté de l’usine de dissimuler ou de minimiser un dysfonctionnement.

Pour conclure et pour désavouer Huxley, l’Histoire a finalement retenu quelques bonnes pratiques de cette crise, puisqu’est née la directive européenne “Seveso”. Ce texte européen recense les procédures désormais prévues en cas d’accidents majeurs.

Suite à cela, le leader de la chimie française Arkema a misé sur la transparence, en intégrant “la communication à chaud” dans ses procédures d’alerte. Le groupe est désormais obligé de communiquer dans un délai de 2h en cas de crise. 

Et selon vous, quelles sont les pires communications que vous ayez entendues ?